Le parlementaire estime que malgré tout, la Constitution accorde de l’autorité aux sénateurs en fonction. « Le pays est réduit à 11 élus légitimes. Le président de la République codépositaire de la souveraineté nationale, et les 10 sénateurs élus co-dépositaires, de la souveraineté nationale », a-t-il soutenu.
Depuis le 13 janvier 2020, « l’ordre démocratique a été rompu. Le président prend toutes les initiatives en publiant des décrets, malgré les mises en garde de certains amis de la communauté internationale plus particulièrement, le Département d’État », a critiqué Joseph Lambert.
« Des personnes sont mortes à La Saline, il n’y a jamais eu de justice. Le pays est gangréné par des gangs armés. On a l’impression qu’ils ont des maitres. Des chefs de gangs qui ont chez eux un bureau de l’ONI et qui fabriquent des cartes électorales. Suivez mon regard… », a dénoncé le nouveau président du Sénat.
Le sénateur Lambert a aussi souligné la multiplication des cas de kidnapping enregistrés dans le pays. « Des étudiants sont morts, Me Dorval est mort, plusieurs autres personnes sont également mortes dans le pays sans explication », a-t-il tancé.
« Aujourd’hui, on doit tous se questionner sur l’avenir du pays », a exhorté le sénateur du Sud-Est. Selon l’homme politique, chacun a une part de responsabilité dans ce qui se passe actuellement au pays.
« Il y a une nécessité d’avoir une unité dans la diversité. Le nouveau leadership du Sénat croit que quelque chose doit être fait », a estimé le parlementaire.
« Le décret du 5 janvier 2021 dans lequel aucun article de la Constitution n’a été visé et qui invite la population à participer à un référendum avec un Conseil électoral bancal, sans prêter serment devant la cour de Cassation, nous inquiète. Nous sommes face à un précipice, face à un chaos », s’est alarmé selon qui se fait appeler « animal politique ».
Ancien conseiller du président Michel Martelly, Joseph Lambert indique que les gens qui sont dans l’entourage du président Jovenel Moïse lui font savoir que tout va bien au pays.
Joseph Lambert, fraîchement élu à la tête de ce qui reste du Sénat estime qu’ « un dialogue politique avec tout le monde » est indispensable à un retour à la normale au pays. « Le Sénat s’engage à lancer un dialogue national avec la participation de tous de façon à aboutir à un accord politique qui permettra au pays de trouver la voie de la stabilité et du progrès », a annoncé le parlementaire dans cette adresse à la nation.
Il faut souligner que, comme l’ancien président du Sénat, Pierre François Sildor, Joseph Lambert avait gardé le silence depuis le 13 janvier 2020. Il n’avait jamais élevé la voix pour dénoncer les agissements du président de la République alors qu’il était en droit de s’exprimer en tant que sénateur de la République, élu au même titre que Jovenel Moïse. Mais le parlementaire a préféré se taire.
Rappelons qu’après la nomination de Fritz William Michel comme Premier ministre en août 2019, Joseph Lambert, déçu du fait qu’il n’a pas été choisi comme chef du gouvernement, avait annoncé qu’il était dans l’opposition à Jovenel Moïse.
À l’issue d’une élection tenue le mardi 12 janvier, Joseph Lambert remplace Pierre François Sildor au poste de président d’un Sénat composé des sénateurs : Patrice Dumont, Garcia Delva, Rony Célestin, Jean Rigaud Bélizaire, Denis Cadeau, Jean Marie Ralph Féthière, Wanique Pierre, Joseph Lambert, Kedlaire Ausgustin et Pierre François Sildor.